L’interview de CT4C pendant les rencontres FNEIJMA

Cette interview est l’oeuvre de Jean-Baptiste Luneau pour Digitalarti

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Le trio de CT4C pendant les rencontres nationales de la FNEIJMA avec Léo Jeannet en invité © JBLuneau

Grand rendez-vous des mélomanes, l’édition 2016 du salon Musicora se tenait du 5 au 7 février à La Grande Halle de La Villette de Paris. A cette occasion, la FNEIJMA faisait le point sur les pratiques de production contemporaines et les nouvelles frontières entre les musiciens et les pratiques numériques. Entre deux conférences nous avons eu l’occasion de nous immerger dans l’univers aérien du trio de CT4C, véritable voyage sensoriel venant balader et tromper nos oreilles d’une matière sonore où textures acoustiques et électroniques s’entremêlent. La performance est accompagnée d’une création visuelle générative qui se déploie en harmonie avec le son . Rencontre avec le trio CT4C composé de Romain Constant, Romain Dugelay et Raphaël Dupont.

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Vous présentez CT4C comme une performance interactive audio-visuelle immersive invitant le public à s’allonger pour l’immerger dans votre univers. Quelle place tient l’interactivité avec le spectateur ?

Romain Constant : L’interactivité est déjà très présente dans le dispositif électronique/numérique du trio. Tous les musiciens sont connectés par différents protocole de communication. C’est un genre de « méta-instrument » audio-visuel joué par 2 personnes. L’interactivité se fait également par le regard, les sonorités et les « rendez-vous » écrits durant la performance. Le public est immergé dans cet univers minimal, géométrique et aux textures raisonnantes. Plus le public sera dans un confort et un cadre d’écoute, plus l’oreille sera active, plus l’immersion sera totale. J’aime dire qu’une performance de CT4C, c’est comme un film de science-fiction, on vous plonge dans un univers futuriste où les personnages sont le pur produit de votre imagination.

CT4C, salon Musicora 2015 © JBLuneau. Romain (à droite) utilise un micro piezoelectrique transformant le son, lui donnant un aspect organique et percussif grâce aux poils de la barbe qui se frottent contre le capteur hypersensible.
CT4C, rencontres nationales FNEIJMA 2015 © JBLuneau. Romain (à droite) utilise un micro piezoelectrique transformant le son, lui donnant un aspect organique et percussif grâce aux poils de la barbe qui se frottent contre le capteur hypersensible.

Capteur piézoélectrique, pédales d’effets, contrôleurs, pads…Les sonorités organiques de l’instrument de Romain Dugelay viennent se confronter avec les textures électroniques de Romain Constant pour finalement se confondre…Comment gérer vous cette dualité ?

R.C :  Lorsque je compose pour CT4C, je cherche tout d’abord à penser le cadre de jeu, (le contenant) plutôt que ce que nous devons jouer (le contenu). J’aime donner des contraintes et des modes de jeu à Romain (Dugelay) et en fonction de ce qu’il me propose et de ce que j’ai imaginé, les morceaux évoluent et se construisent dans le temps. J’aime perdre le spectateur lorsqu’il n’arrive plus à savoir qui génère les sons qu’il entend. Je pense que c’est là que l’imagination prend une réelle place dans notre performance.

Romain Dugelay : Pour ma part j’envisage ici le saxophone essentiellement comme un générateur de son et de textures. L’idée est que l’on entende peu le son acoustique de l’instrument mais plutôt sa résultante retraitée par les pédales d’effets. Ceci afin de m’intégrer au maximum aux textures de Romain et de créer un bloc sonore homogène. Les quelques moments ou l’on entend clairement le son du saxophone sont alors pensés comme des “dissidences acoustiques”. Un peu comme en jazz lorsqu’on parle d’improvisation “in”, c’est à dire jouée plutôt à l’intérieur des accords et de la rythmique proposée , ou bien “out”, plus en dehors. L’aller-retour entre ces deux modes de jeu (électronique et acoustique) permet de créer du relief et de nourrir la narration proposée.

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